Le (mini)scandale hollandais m’a désagréablement choqué, mais ne m’a aucunement surpris. Cela se sentait arriver, en particulier sur le terrain de la critique littéraire.
Là, depuis la moitié des années ’90, le fameux WESTERN CANON de Harold Bloom tirait déjà la sonnette d’alarme vis à vis de la montée de l’ainsi dite « école du ressentiment » (études culturelles, néo-historicisme, marxisme, race & postcolonial, gender & queer studies etc. etc.), tendant à privilégier les « excrescences » collatérales et, à vrai dire, secondaires de l’œuvre d’art, au dépens de son contenu axiologique central, qui est (quoi qu’en disent) le plaisir esthétique qu’elle nous procure.
Aujourd’hui la vague de la « correction politique » a aussi atteint le domaine de la traduction. Ce qui nous enseigne que c’est contre le syndrome en soi qu’il faut réagir, dans son ensemble et à son origine première : la logique du ressentiment.
Ne craignons donc pas dire franchement que l’intervention de la « pittoresque » activiste relève bel et bien du racisme, n’importe (ou importe d’autant plus) s’il s’agit d’un racisme réactif et/ou mimétique. Car le meilleur élève de l’oppresseur est l’opprimé, devenu à son tour oppresseur. Faut-il rappeler le massacre de toute la population (civile) blanche d’Haïti, ordonné par Jean-Jacques Dessalines ? Ou l’horrible traitement infligé à la population native du Liberia par les colons noirs américains, anciens esclaves, émigrés en Afrique ?
[Intervenția a apărut la începutul dezbaterii pe tema Is Translating Becoming a Racist Crime? pe site-ul Academia.edu și este publicat cu permisiunea autorului (Fitralit).]